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Intolérance au lactose et aux œufs – Un point commun ?

  • Véronique Gillas
  • 31 mars
  • 4 min de lecture
Quel point commun entre les intolérances
Intolérances multiples et muqueuse intestinale

Cet article m’est inspiré par une question que j’ai lue sur un groupe Facebook destiné aux personnes qui souhaitent « manger sans ». De nombreuses personnes en quête de solution face à des symptômes, digestifs ou pas, procèdent en effet à des évictions alimentaires, au petit bonheur la chance, parce qu’elles soupçonnent qu’un aliment ne leur convient pas.

Dans le cas exposé ici, la question était formulée ainsi : Est-ce que, pour les intolérants au lactose, vous êtes aussi intolérants aux œufs svp ?

A priori, il n’y a aucun lien entre l’intolérance au lactose, et l’intolérance aux œufs. Pourtant, certaines personnes ont répondu avoir des problème avec les deux. D’autres personnes en revanche, disent pouvoir manger l’un des deux, mais pas l’autre. La personne qui a posé la question n’est donc pas bien avancée. Quelques explications s’imposent.

 

On désigne, sous le terme de lactose, le sucre du lait. Pour être digéré, ce sucre doit être dégradé par la lactase, une enzyme sécrétée dans la muqueuse de l’intestin grêle. La production de lactase est très variable d’un individu à l’autre.

Les enfants sont en général de bons sécréteurs de lactase, comparés aux adultes qui souvent perdent cette faculté de production. Ceci est d’autant plus vrai, et plus rapide pour certains que les gènes jouent également un rôle dans la production de cette enzyme. Les individus porteurs d’un polymorphisme du gène LCT qui code pour la sécrétion de lactase peuvent voir leur capacité d’en produire réduite, voire inexistante si leur deux parents leurs ont transmis un gène variant.

Ils vont alors devenir intolérants au lactose avec des symptômes qui seront d’ordre digestif, car le lactose va stagner dans les intestins et régaler les bactéries intestinales. A court terme on observe des ballonnements, des renvois, et une mal digestion. A plus long terme, l’équilibre intestinal est rompu, de l’inflammation se crée ce qui endommage la muqueuse intestinale. L’intolérance résulte donc d’une perte enzymatique qui fait que l’on ne digère pas l’aliment.

 

Concernant les œufs, pas de lactose évidemment, mais des protéines, qui peuvent engendrer des allergies, avec réactions immédiates, ou des hypersensibilités immunitaires alimentaires. Remarquons que l’allergie ou l’hypersensibilité immunitaire alimentaire peuvent aussi concerner le lait, puisque celui-ci contient des protéines. Eh, oui. Rien n’est simple.


Les premières, qualifiées d’allergies de type 1, font intervenir des immunoglobulines E et peuvent être testées soit par test sanguin, soit avec les prick test sur la peau. Ce sont notamment celles qui vont engendrer des vomissements, des gonflements de la gorge, des chocs anaphylactiques… elles sont à prendre au sérieux. Mais en général vu l’ampleur des symptômes la personne sait qu’elle est allergique et va procéder à une éviction rigoureuse.


Les secondes, souvent qualifiées à tort (car il n’est pas ici question de déficit enzymatique) d’intolérances, sont en réalité des hypersensibilités immunitaires alimentaires, le problème étant induit par les protéines. Plus sournoises, elles ne s’accompagnent pas de symptômes immédiats, si bien que la personne ne ressent pas que l’aliment ne lui convient pas. Elles seront mises en évidence soit en procédant à une éviction prolongée pour voir si les symptômes dont on les soupçonne d’être responsables disparaissent, soit par le dosage des immunoglobulines G en réaction aux protéines, dans le cas qui nous intéresse, du jaune d’œuf, et/ou du blanc d’œuf. Ces hypersensibilités sont dues à une mauvaise digestion de la protéine, pour tout un nombre de causes (qu’il s’agira d’explorer si on souhaite améliorer la situation), puis à son entrée dans le sang, notamment à travers la muqueuse intestinale si elle est endommagée.

 

Si vous m’avez bien suivi, vous avez donc compris qu’il n’y a aucun point commun entre les « intolérances » au lactose, et d’éventuels problèmes d’hypersensibilité avec des œufs, sauf … la présence d’une muqueuse endommagée.

En effet, puisque c’est elle qui produit la lactase, si elle est dégradée, elle ne saura plus la produire, même si la personne bénéficie d’un génotype LCT favorable. La digestion du lactose sera donc altérée.

Concernant les œufs, la protéine pourra pénétrer dans le sang, car la muqueuse aura perdu sa fonction de barrière, ce qui met en alerte le système immunitaire et peut induire tout un tas de symptômes à caractère inflammatoire.

 

On peut évidemment procéder ainsi, par essai-erreur, en faisant des évictions pour voir si les problèmes s’améliorent. Néanmoins, si le problème vient de la muqueuse intestinale, il est fort probable que l’inflammation dont la personne souffre soit due à de multiples aliments. Elle risque donc de conclure faussement que ce n’est pas l’aliment testé, puisque son éviction n’améliore rien, alors qu’en réalité, c’est tout un panel d’aliments qui pose un problème, aliments qui n’ont comme culpabilité que d’arriver dans un intestin dont la muqueuse est dégradée.

 

Pour éviter cette errance, pensez à une consultation en santé fonctionnelle.

 

C’est avec plaisir que je vous partage ces informations. Merci de mentionner la source si vous partagez à votre tour tout ou partie de mes articles.


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