Vitamine D et immunité
- Véronique Gillas
- 6 nov. 2024
- 4 min de lecture

Avec les infections hivernales qui ont circulées ces dernières années, vous savez probablement que la vitamine D joue un rôle majeur dans l’immunité. Mais, il est également possible que vous ayez entendu qu’elle pouvait être toxique et qu’il ne fallait surtout pas se supplémenter sans avis médical. Faisons donc un peu le point.
QUELQUES LIENS ENTRE VITAMINE D ET IMMUNITÉ
J’avais déjà évoqué que la vitamine D intervient notamment dans 3 domaines majeurs : le métabolisme, l’immunité innée et adaptative, et enfin les os.
En matière d’immunité innée, les barrières physiques (peau et muqueuses) constituent un premier obstacle à la pénétration des pathogènes. La vitamine D présente l’intérêt de renforcer ces barrières qu’il s’agisse des muqueuses respiratoires supérieures ou intestinales. Elle contrôle l’expression des protéines responsables de l’efficacité des jonctions des cellules de ces muqueuses et stimule la production de molécules bactéricides dans l’intestin ce qui diminue les phénomènes de dysbiose propices au développement d’une perméabilité intestinale. Ainsi, les barrières sont moins perméables et laissent moins passer les virus et bactéries indésirables.
Des barrières renforcées, sont aussi des barrières plus fonctionnelles, qui vont limiter l’état inflammatoire (particulièrement délétère car il réduit l’efficacité des défenses immunitaires) et augmenter la tolérance des cellules immunitaires, afin d’avoir un système immunitaire dont la réaction ne sera pas disproportionnée par rapport à l’agresseur. C’est un phénomène particulièrement important car les dégâts causés par la réponse immunitaire sont bien souvent plus conséquents que ceux induits par le pathogène lui-même.
La vitamine D va aussi induire la production de peptides antimicrobiens au niveau de ces barrières et de cytokines anti-inflammatoires, favoriser une meilleure différenciation des lymphocytes, et une augmentation de l’activité des macrophages (des globules blancs qui « digèrent » les bactéries) et des monocytes, le tout conduisant à une immunité plus efficace.
Un autre aspect important à considérer au regard de l’immunité est le rôle que joue la vitamine D dans la stimulation de la régénération musculaire et l’amélioration de la composition des muscles. Le muscle constitue le lieu de réserve majoritaire de la glutamine, un nutriment central de l’immunité, puisque les macrophages et les lymphocytes, qui sont les plus importantes cellules composant le système immunitaire, l’utilisent comme source d’énergie. Dans les situations où la masse musculaire est atrophiée, entre autres causes par défaut de vitamine D, la réserve de glutamine sera réduite. L’accélération de la synthèse des cellules de défenses ne pourra aboutir et la réponse immunitaire sera incomplète.
UNE VITAMINE D FONCTIONNELLE ? PAS SI SIMPLE
Plus qu’un bon statut en vitamine D, ce qui compte c’est une vitamine fonctionnelle.
La vitamine D quelle qu’en soit la source (peau, alimentation ou complément) va devoir subir de nombreuses étapes de transformation chimique pour devenir bioactive, c’est à dire pour pouvoir aller activer les promoteurs des gènes qui sont vitamine D dépendants. Parmi les incontournables au bon déroulement de ces réactions, on trouve notamment le magnésium et le fer.
Mais avant cela, il va falloir que la vitamine ingérée soit absorbée par votre organisme, ce qui demande de prendre les compléments avec des graisses, d’avoir une bonne activité biliaire et pancréatique, un microbiote eubiotique et une barrière intestinale fonctionnelle. Autant de paramètres qui ne sont pas toujours au rendez-vous.
Ne soyez donc pas surpris si, malgré la prise de compléments, votre taux sanguin peine à monter. C’est tout à fait possible si toutes ces conditions (qui ne sont pas exhaustives) ne sont pas remplies. Il faudra alors chercher la cause et la résoudre.
Si tout fonctionne bien et que par mégarde vous en preniez de trop, le corps, qui est bien fait, ferait intervenir un mécanisme de régulation dans lequel le magnésium est encore sollicité pour inactiver cet excès, et l’éliminerait par détoxication. Donc soyez rassuré en termes de toxicité.
Idéalement, on procédera à un dosage sanguin pour évaluer le statut et l’apport qu’il serait souhaitable de faire pour affronter l’hiver plus sereinement. Idéalement encore, on vérifiera par un deuxième dosage après 2 à 3 mois l’impact des prises. Je ne recommande pas de procéder à l’aveugle. Même si vous pouvez sans risque prendre 60 UI par kilo de poids et par jour, cette technique ne vous renseignera pas du tout sur votre statut. Vous risquez donc que ce soit insuffisant, auquel cas vous n’êtes pas protégé, ou trop. Dans les deux cas, vous dépensez de l’argent en complément pour un bénéfice très modeste.
Préférez des prises journalières aux apports massifs souvent utilisés dans le cadre des prescriptions médicales. Ces derniers ont en effet l’inconvénient après quelques semaines de faire redescendre votre taux à un niveau inférieur au niveau initial.
Ayez présent à l’esprit que nous ne sommes pas égaux au niveau de l’absorption de cette molécule, de son transport et de l’activation des gènes qui en dépendent. De nombreux polymorphismes existent. Il est donc tout à fait possible que même avec un statut optimal sur la biologie sanguine, la corrélation entre vitamine D et immunité ne soit pas évidente.
Enfin, n’oublions pas qu’il n’y a pas de vitamine D fonctionnelle sans vitamine A. On en parle dans le prochain post.
C’est avec plaisir que je vous partage ces informations. Merci de mentionner la source si vous partagez à votre tour tout ou partie de mes articles.
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